L'été est une saison propice à la découverte théâtrale, avec comme point d'orgue le Festival d'Avignon qui se déroule du 4 au 23 juillet. L'occasion de découvrir une sélection d'ouvrages au sein de la collection Théâtre des Éditions du Panthéon.
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1. Lanceurs d’alerte ! de Florence Camoin
« La neurologue – Les « me too » ! Je vous explique : la recherche, ça prend du temps ! Les découvertes miraculeuses, ça ne tombe pas du ciel, comme ça, en un jour ! Alors, en attendant, les labos, qui ont des objectifs précis de rentabilité, font du neuf avec du vieux. Ils prennent la même chose ou presque et la commercialisent en changeant juste le nom sur l’emballage. Dans le jargon pharmaceutique, on appelle ça les « me too » ! « Me too », « Moi aussi » : moi aussi, je suis composé à partir de la même molécule.
La sœur – Vous voulez dire que le laboratoire aurait créé un « me too » pour pouvoir continuer à vendre son poison en toute impunité ? C’est ignoble ! »
Lorsqu’elle apprend la mort de sa sœur, provoquée par un antidépresseur réputé sans danger, une jeune femme attaque le laboratoire qui commercialise ce traitement. Parallèlement, le directeur de la communication du fabricant se démène dans un enchevêtrement politico-juridique teinté de corruption pour faire jour sur les essais cliniques douteux de ce fameux médicament… Intrigue, suspens et humour dans cette pièce socio-burlesque où l’on constate que le progrès scientifique n’a pas que l’amélioration de notre santé pour seul objectif…
Avis éditeur : Que sommes-nous face aux énormes enjeux économiques de l’industrie pharmaceutique ? Dans cette pièce socio-burlesque où se mêlent intrigue, suspense et humour, Florence Camoin montre que le progrès scientifique n’a pas que l’amélioration de notre santé pour seul objectif…
2. Nuits d'Automne de Sirine Achkar
« C’est toi le passé.
Toi et ma terre.
Enracinement.
Toi et ton corps assommé par un excès de désir.
Assoiffé.»
Volontairement internée dans un hôpital psychiatrique, une femme s’égare aux confins de la folie. Obsédant, le visage de l’amant perdu martèle son esprit. En écho, lui répondent les réminiscences de l’enfance lointaine et rassurante. Voyage intérieur au rythme d’un cœur brisé, « Nuits d’Automne » est le chant lancinant de l’exil, celui de l’arrachement à la terre et à l’aimé.
Avis éditeur : En questionnant le lien entre sentiment amoureux et racines terrestres, Sirine Achkar nous offre un texte puissant autour du thème de l’exil. Une écriture empreinte d’émotion.
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3. Le Cid des Martigues d'Antoine Stamatakis
« Elvire – Rodrigue… D’où viens-tu ?… Qu’as-tu fait, misérable ?
Rodrigue – Suivre le triste cours de mon sort déplorable.
Elvire – Mais boudi ! Quelle audace ! Cette maison en deuil Ne supportera pas que franchisse son seuil
Celui qui apporta, et de sa propre main
Le malheur en ses murs… Aujourd’hui, ni demain,
Et crois-moi, ni jamais, tu n’y dois revenir. »
Avez-vous déjà imaginé transposer les grands classiques de la littérature théâtrale dans notre monde contemporain ? Antoine Stamatakis a relevé le défi en ranimant les dilemmes cornéliens du Cid dans la bouche fleurie et chantante de boulistes passionnés. Le monde de la pétanque provençal et celui de la tragédie classique s’entremêlent dans une adaptation détonante et pour le moins originale.
Avis éditeur : Une adaptation désopilante du classique de Corneille transposé dans le midi de la France, où la bouche fleurie et chantante de boulistes passionnés ranime les dilemmes cornéliens. Original et ensoleillé !
4. La chute de l’île de la décadanse de Franck Steinmetz
« Qui c’est le plus grand ? Qui c’est le plus fort ? Qui c’est le plus beau ? Je suis le champion du karcher, le campeon du lance-flammes, avec moi, pas de flammèche, c’est tout de suite l’incendie du siècle, je suis l’Attila des Las Mégalomanias, je suis le Mégalomane en Chef, le Führer du samedi soir, le Duce de tous les matins du monde, le Despote de ces dames, en un mot comme en deux, je suis, je suis (il s’adresse au public), je suis le « Tout-Puissant ». (Puis avec bravade, face au public) Qui veut m’arrêter, hein, qui veut m’arrêter ? »
Sur une petite île de l’océan Indien, le pouvoir du Président/Roi est absolu. Seules résistent encore la Résidente du Parlement, la Sinistre des Pitances et une journaliste. Les îles voisines se montrent menaçantes. La presse est corrompue ou muselée. La haine de l’autre ne fait qu’augmenter, les tensions montent et le peuple est au bord de l’implosion. L’archipel de Las Megalomanias n’a jamais été aussi proche de l’apocalypse.
Avis éditeur : Une pièce au cœur du théâtre de l’absurde, dans laquelle le fond de la nature humaine est mis en exergue. Des répliques cinglantes sur un univers despotique où les rôles de victime et de bourreau se confondent.
5. AiMe comme… Marquise de Philippe Froget
« Monsieur, je connais la hauteur de votre état,
Et ne mésestime ni vos lois, ni vos droits.
Mais, le voyez-vous, dans quelques instants, je joue ;
Et pour devenir Andromaque, je l’avoue,
J’ai plus nécessité d’un silence complice
Que du lieutenant général de la police. »
Voici l’histoire de Thérèse de Gorla, dite Marquise ou Mademoiselle du Parc, fille d’un bateleur italien fixé à Lyon, devenue célèbre comédienne française. De son rôle d’Elvire dans « Dom Juan » à celui d’Arsinoé dans « Le Misanthrope », sa beauté et son port de reine lui vaudront de séduire les grands dramaturges de l’époque classique, Molière puis Corneille, sans oublier Racine qui lui écrira « Andromaque » en 1667. Le destin fabuleux de cette jeune femme s’écourtera mystérieusement au lendemain de ses trente-cinq ans, après une incroyable ascension.
Histoire de France, confessions, amours et scandales sont les ingrédients finement travaillés de cette nouvelle création. Une mise en scène dévoilant un tableau historique essentiel et révélant une énigme ahurissante de cette même période : Corneille aurait-il écrit les pièces les plus célèbres attribuées à Molière ? Une hypothèse qui déchaîne encore les passions et nous offre un spectacle authentique !
Avis éditeur : Empreinte d’histoire, de suspense et de références pertinentes, l'intrigue nous transporte dès les premières pages. Philippe Froget signe là une pièce d’une grande finesse.
Découvrez également le spectacle AiMe comme... Marquise, au Théâtre Espace Roseau Teinturier en Avignon du 5 au 28 juillet à 10h.