Rencontre avec Jean-Pierre Ricard, auteur de « Traversières de hasard »

 

1. Pouvez-vous nous présenter votre livre ?

Il s’agit d’un récit littéraire autobiographique, « roman du réel », ou « récit de vie », il propose de 1968 à nos jours un voyage original de plus de quarante années dans un entre-deux, le monde dit "libre" et l’univers pénitentiaire. 

2. Quel message voulez-vous transmettre au lecteur ?

Je souhaite faire connaître un milieu, des situations humaines et des métiers qui restent le plus souvent un grand mystère pour un public non averti. Il ne s’agit pas d’un traité scientifique, juridique, ou académique mais d’un vécu de terrain éloigné des clichés qui alimentent la chronique pénitentiaire et carcérale. 

Comme des soldats au front des difficultés et contradictions de notre société, l’administration pénitentiaire contribue à la sécurité des citoyens et à la stabilité de l’état de droit. En quelque sorte des aidants d’une société qui réclame toujours plus de justice et de réparation.

L’ouvrage milite contre l’idée que le système pénitentiaire est en marge de la société alors qu’il en est le miroir dans son rôle d’incubateur et de régulateur des dérives sociétales. 

3. Quelles sont vos sources d’inspirations ?

Pour cet ouvrage, mes sources d'inspiration sont essentiellement à rechercher dans nos relations à l’humain. L’ouvrage est constamment relié à mes expériences personnelles vécues dans et hors les murs des prisons. A la rencontre chemin faisant du paradoxe. Le beau et le laid, le sombre et le lumineux sont omniprésents dans l’ouvrage. Ne serait-ce que les chapitres intitulés « dialogue avec deux condamnés à mort » ou bien « lettre à Miguel Angel Estrella ».

4. Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?

J’ai toujours aimé écrire. J’ai le sentiment que ce roman du réel végétait dans ma bibliothèque mémoire depuis ce jour de mai 1968 où à 21 ans, à Nîmes, je pénétrais pour la première fois en prison, par un jeu de circonstances singulières et parfois épiques.

De nombreux auteurs ont renforcés ce besoin de témoigner. Je pense notamment à Edgar Morin pour son livre « la voie » et à Max Gallo pour son ouvrage « L’oubli est la ruse du diable ».

 5. Si vous deviez vous décrire en trois mots, quels seraient-ils ?

Constance, empathie, curiosité.

6. Quelle est votre citation favorite ?

Un proverbe Touareg :

« La différence entre un jardin et un désert, ce n’est pas l’eau, c’est l’homme. »

7. Quel est votre rituel d’écriture ?

Je suis du genre « brouillon ». Des notes ici où là, puis un matin je me décide et me laisse emporter par le plaisir d’écrire qui ne me lâche plus.

8. Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

J’ai en cours un ouvrage en prose et poésie autour de la randonnée, une sorte de carnet de voyage entre le chemin de Compostelle, celui de Stevenson ou encore le désert du Tassili en Algérie… Tous mes livres se répondent. Ils sont comme un puzzle ou un jeu de piste dans lesquels je cherche osmose et cohérence.

9. Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?

J'ai soumis mon manuscrit à plusieurs maisons d'édition. Ce sont les Éditions du Panthéon qui m’ont convaincu favorablement, car ouvertes à tous les genres de littérature.

10. Le mot de la fin ?

Ce roman du réel est l’occasion de mettre en perspective des éléments de connaissance, les grandes évolutions des politiques pénitentiaires, des situations et rencontres humaines insolites et des faits historiques en prise avec la société. 

Ecrire permet de jouer un rôle de passeur de mémoire. Une citation de Rigord, moine de l’abbaye de Saint-Denis (1207) fait écho à l’inspiration de ce récit :

« Ne meurent et ne vont en enfer que ceux dont on ne se souvient plus. L’oubli est la ruse du diable. »

Découvrir "Traversières de hasard" : https://bit.ly/2ZwesWI

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *