Méconnu des lecteurs et redouté des auteurs, le pilon est le maillon sinistre de la chaîne du livre. Chaque année en France, un livre sur quatre part au pilon, soit 142 millions de livres par an ! Mais qu'est-ce que le pilon, et comment éviter ou limiter cet incroyable gaspillage ?
Le pilon est la destruction totale ou partielle, des exemplaires d’un ouvrage. Il est réalisé à la demande de l’éditeur et assorti d’un certificat. Il existe deux types de pilons :
- Le pilon partiel concerne les livres défectueux, dont un défaut de fabrication empêche la vente et ceux qui sont abîmés, défraîchis (ce qui peut arriver après mise en rayon dans une librairie puis retour au distributeur). Leur stockage et leur restauration engendrent plus de frais qu’un retirage. Enfin, lorsque les prévisions de vente ont été trop optimistes, les surplus de stocks (qui ne parviennent jamais chez le libraire) sont aussi envoyés au pilon.
- Le pilon total est plus radical : il concerne tout le stock d’un ouvrage ou d’une collection, pour lesquels l’éditeur ne souhaite pas envisager un autre scénario (baisse de prix) car il considère que leur potentiel commercial est minimal.
La destination des livres pilonnés
Les ouvrages faisant l’objet d’un pilon sont vendus à des entreprises de recyclage qui les transforment en pâte à papier destinée à l’impression de la presse. Le pilon est donc un processus qui limite le coût de « stocks morts » pour les éditeurs et permet de transformer des livres invendables en journaux. Il est à noter que certains éditeurs prélèvent une partie des ouvrages destinés au pilon pour effectuer des opérations de dons dans les réseaux associatifs ou à l’étranger. Mais la péremption ou le faible intérêt de la majorité des ouvrages destinés au pilon expliquent que ces pratiques soient peu développées.
Les pistes d’améliorations sur lesquelles travaillent les éditeurs
Une "filière durable du livre", de la fabrication du papier aux pratiques commerciales des distributeurs et des éditeurs, est à inventer, affirme un rapport publié par le Bureau d'Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne.
Pour arrêter ce gaspillage, plusieurs solutions : revenir dans un premier temps au papier made in France, issu de forêts certifiées, c'est-à-dire respectueuses de l'environnement. Également favoriser la filière du recyclage, promouvoir la liseuse électronique ou encore généraliser l’impression à la demande. Et peut-être aussi, faire le tri parmi les 581 romans de la rentrée littéraire...