[DÉBAT] L’AUTOBIOGRAPHIE : UNE OEUVRE INTÉGRALEMENT AUTHENTIQUE ? par Linn

Le nom autobiographie est formé de trois mots : auto, soi ; bio, vie et graphie qui définit le fait d’écrire. L’autobiographie est donc un récit qu’un auteur fait de sa propre histoire en écrivant à la première personne et qui se caractérise par l’identité de l’auteur, du narrateur et du personnage principal.

Il existe de nombreuses manières de raconter sa propre-vie. Une autobiographie prétend à la fidélité et installe donc une certaine confiance chez le lecteur qui ne doutera donc pas nécessairement de la sincérité des propos qu’il lit.

Michel de Montaigne (1533-1592)

En premier exemple, dans ses « Essais », Michel de Montaigne dit se décrire en toute simplicité et au naturel puisqu’il n’a écrit que pour lui et quelques intimes (ses proches et ses amis) et qu’il se serait présenter sous une forme plus étudiée pour produire meilleur effet s’il comptait passer à la postériorité en exposant son œuvre à un plus large public. Néanmoins, nous savons que Michel de Montaigne n’a pas respecté ses propos car « Les Essais » seront publiés en 1580. Pouvons-nous donc vraiment penser que sa démarche était sincère ?

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

Prenons maintenant le cas de Rousseau dans Les Confessions. L’auteur semble avouer ses fautes, en particulier celles qu’il aurait faites durant son enfance, notamment lorsqu’il avoue avoir voler de l’argent à un certain « M. De Francueil ». Rousseau nous montre que voler n’est pas dans ses habitudes et qu’il ne faut pas juger les hommes par leurs actions. Paradoxalement, Rousseau veut se montrer comme un homme honnête qui désire se montrer franc et sincère.

Lorsque le lecteur lit ces passages, il comprend que l’auteur cherche à se justifier face à ceux qui le blâme et donc se confesse en avouant ses erreurs de manière sincère et avec franchise.

Le lecteur lui, ne doute point des aveux de celui-ci.

George Sand (1804-1876)

M. de Francueil, à qui Rousseau a volé de l’argent, se trouve être le grand-père de George Sand. Selon Mme de Francueil, Rousseau aurait tout inventé afin de se disculper d’autres fautes qu’il n’avouerait pas.

Dans la longue préface à Histoire de ma vie, George Sand précise sa conception de l’autobiographie en prenant ses distances avec la démarche de Rousseau.

Elle dit « Je souffre mortellement quand je vois le grand Rousseau s’humilier ainsi et s’imaginer qu’en exagérant, peut-être en inventant ces péchés-là, il se disculpe des vices de cœur que ses ennemis lui attribuaient » ou même « ne suffit-il pas, pour le croire pur et bon, de lire les parties de sa vie où il oublie de s’accuser ? Ce n’est que là qu’il est naïf, on le sens bien » et pour finir « Je ne fais point ici un ouvrage d’art, je m’en défends même, car ces choses ne valent que par la spontanéité et l’abandon, et je ne voudrais pas raconter ma vie comme un roman ».

Nous pouvons donc conclure que les « fausses autobiographies » avec de fausses histoires et anecdotes devraient être considérées comme des romans car l’autobiographie classique est sincère et complète.

De plus, l’auteur raconte sa vie en raison de plusieurs enjeux tels que partir à la découverte de soi-même, prendre du recul sur sa vie et ses actes, mieux s’analyser, témoigner, lutter contre l’oubli, partager ses sentiments et échapper à la solitude ou même se confesser.

Ces enjeux ne serviraient donc en rien si l’auteur ne se montre pas sincère.

Malgré tout, la franchise que l’auteur utilise peut aussi être une stratégie et le lecteur doit être conscient qu’écrire sa vie c’est toujours un peu la réécrire.

Je pense que l’auteur devrait chercher à être authentique et ne pas briser le « pacte de sincérité » passé avec le lecteur car c’est finalement le but premier d’une autobiographie.

Linn

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