Nathalie Pivert Chalon et Véronique Klesse, c’est l’histoire d’une rencontre. Celle de deux femmes aux univers authentiques, que rien ne destinait particulièrement à se rencontrer, si ce n’est… leur maison d’édition !
Pour célébrer la connexion entre les deux auteures, voici un face à face inédit, qui en dit long sur leur personnalité.
À l’occasion de la sortie de « Le dernier baiser du papillon » de Nathalie Pivert Chalon, également auteure de la saga Castel Villerquin, c’est Véronique Klesse qui prend la parole et impulse le jeu des questions-réponses. L’auteure de la série sur la voix se prêtera à son tour à l’exercice, lors de la publication de son troisième titre aux Éditions du Panthéon.
À elle de jouer, pour un zoom sur les pensées profondes de Nathalie Pivert Chalon.
VK : Chère Nathalie, Tu es écrivaine de quatre romans dont trois dans une saga, publiés aux Éditions du Panthéon.
- Comment t’est venue l’idée d’écrire et que veux-tu faire passer comme message qui pourrait nourrir profondément tes lecteurs?
L’idée d’écrire remonte à ma plus tendre enfance. Je laissais ici et là des poèmes, des textes que j’adressais à mes proches. Lorsque les mots manquaient, je dessinais et parfois, je réunissais mes deux passions. Il s’agissait de très modestes productions mais elles ont contribué à rendre mon enfance très heureuse. On disait alors que j’avais un esprit très créatif mais que j’ étais solitaire. C’était ma manière à moi de communiquer différemment de mes frères et sœurs qui étaient davantage dans l’amusement. Je fus une enfant comblée mais jamais insouciante et plutôt exigeante vis-à-vis de moi-même. Les années ont ensuite glissé sur le fil de ma vie et ce pan de mon enfance est resté coincé quelque part. C’est au départ prématuré de mon père que j’ai ressenti un besoin puissant de reprendre le chemin de l’écriture comme pour compenser les années sans poèmes, sans textes ou sans peinture. Mes enfants étaient alors très jeunes voire trop jeunes pour comprendre le sentiment d’abandon laissé par la disparition de leur grand-père puis celle de leur grand-mère à quelques mois d’intervalle seulement. Le temps était venu de prendre la plume et de raconter une histoire… qui leur ferait entrevoir une autre vérité, moins brutale, chargée d’amour et d’espoir. Mais en écrivant, je souhaitais également quitter la sphère familiale pour véhiculer ce message à d’autres enfants vivant le traumatisme de la séparation. Elle revêt de nombreux visages et je la côtoie à travers mes élèves depuis de nombreuses années. L’écriture d’un récit fantastique fut une réponse.
- La souffrance peut être sublimée à travers le don de l’écriture, comment matérialises-tu cette notion dans tes ouvrages ? Quelle est la part de sublimation qui transforme le mal en bien comme le lecteur peut le découvrir dans ta saga?
Le monde peut paraitre sombre pour nos jeunes générations mais n’est-ce point le regard des adultes qui les laisse entrevoir peu d’espoir. Nous avons la lourde responsabilité en tant que parents, enseignants, adultes au sens large du terme de leur donner quelques clés pour s’armer contre l’adversité. Je ne tente pas de leur cacher la noirceur de certains comportements, de masquer nos imperfections ou de leur faire croire que le bien sort toujours gagnant sans blessure, sans danger et sans peine. Toutefois la vie me prouve au quotidien que la force de nos âmes contribue à nous relever de ce qu’on pensait insurmontable. Si la porte du bonheur est parfois trop lourde à pousser, une autre main peut vous aider à l’ouvrir.
- Quel lien accordes-tu dans tes écrits entre les émotions et les ressentis de tes personnages et toi-même ?
J’ai attribué à mes personnages principaux, les prénoms de mes proches (anglicisés pour deux d’entre eux) . Mais j’ai veillé à ne point leur donner tous leurs traits de caractère, une manière à moi de préserver leur intimité. Le moment que j’apprécie tout particulièrement dans le travail d’écriture, est cette étape où l’on imagine ses personnages. Lectrice, je n’imaginais pas alors l’exaltation que l’auteur avait dû ressentir en façonnant le profil émotionnel des protagonistes.
C’est une famille au sens propre que j’ai reconstituée. Leurs émotions évoluent au rythme de mes histoires, à l’image de notre vie qui nous fait penser ou agir différemment selon les aléas de l’existence.
J’attache une importance particulière à mes personnages car une simple scène de la vie quotidienne, peut être l’occasion d’exprimer des émotions fortes.
- La voie pour chacun de nous est différente et personnelle car mène à l’inévitable et la nécessité, comment identifies-tu une trajectoire de vie ?
La vie est étonnamment imprévisible. Pour se rassurer, on se crée un cadre de vie, on fait des études qui nous mènent d’un point A vers un point B. et in fine, on s’aperçoit que tout reste à vivre .
La vie est à l’image de ces filets d’eau qui coulent inexorablement, parfois déviés mais jamais taris. J’aime l’idée que nos ressources puissent être infinies.
Un caillou ne m’empêche pas de poursuivre ma route.
- Le roseau plie mais ne rompt pas, pensée de Jean de la Fontaine, quelle serait la tienne qui s’accorderait avec celle-ci ?
Jean de la Fontaine !
Les vents peuvent être redoutables mais ne jamais avoir la prétention du chêne et nous devons accepter que la nature puisse se montrer indélicate, féroce à notre égard. Notre sensibilité n’est pas une faiblesse, elle nous donne une certaine souplesse face à la rudesse des autres et quand elle est partagée, les racines du bonheur sont bien ancrées et on peut espérer, voir fleurir un beau jardin d’âmes sensibles !
Et la position du roseau est plus sympathique, elle lui permet d’admirer et profiter ce qui est beau ici- bas !
- Sur quels aspects de ta vie et de tes proches t’es-tu appuyée pour te motiver à écrire tes romans ?
Ma vie en tant que mère, et enseignante. À la maison, on est peu « prof » et à l’école on est un peu « maman ». Des petites anecdotes me furent inspirées par ces expériences de vie mais comme je l’expliquais précédemment, les pistes sont brouillées pour ne pas gêner mes enfants qui souhaitent garder jalousement ces souvenirs.
- Quelle méthodologie est la tienne pour écrire, est-ce le matin tôt, l’après-midi, le soir, la nuit, seule dans le silence, avec de la musique ou d’autres moyens de sustentation ?
Quand mon emploi du temps me le permet : tôt le matin, l’après-midi, le soir. Toutefois aux premières heures du jour, mon esprit est plus clair pour la rédaction, quand le soir et même très tard dans la nuit, viennent mes plus belles idées.
Je n’hésite pas à m’extirper du lit à deux heures du matin si l’inspiration s’invite. C’est ainsi que j’ai trouvé le dénouement de mon quatrième tome avant même que le roman soit achevé !
- Pourrais-tu me préciser tes ressentis certainement variés et divers que tu as en toi au moment où tu écris, qui représentent pour toi des appuis dans la formalisation de ton écriture et qui dévoilent cette mise en conscience de ton propre inconscient ?
Les ressentis sont multiples, et l’intensité est plus ou moins forte selon les chapitres. Il arrive que je ne puisse pas m’éloigner de mon clavier quant à d’autres moments, je me contente d’écrire quelques mots. Je me laisse complétement guider par l’émotion de l’instant présent.
J’ai fait ce choix « égoïste » d’être libre d’écrire quand je veux (en dehors de mes heures en classe, bien entendu !!)
- Peux-tu me préciser tes sources d’inspirations livresques, artistiques ou autres qui nourrissent, alimentent ton écriture et tes productions graphiques personnelles dans tes romans ?
La lecture, l’Art ont toujours occupé une place privilégiée dans ma vie et je m’étonne d’entendre certains privilégier tel ou tel auteur ou artiste. Ma plus grande frustration est d’admettre que les journées ne compteront jamais plus de 24 heures. Tant d’auteurs, ou d’expos m’attendent au point de me sentir inculte face à cette avalanche d’œuvres incroyables que je n’aurai jamais le temps de découvrir.
La musique joue également un rôle majeur dans mon acte d’écriture. Les œuvres de Bach, Mozart, Debussy, Verdi, Chopin mais également les compositions de Karl Jenkins couvrent délicieusement le martèlement de mes touches sur le clavier.
Mais plus que tout, la voix des cantatrices sublime ces instants ! Ce don béni des Dieux incarne également toutes les valeurs que j’admire : travail, rigueur, persévérance.
- Ta quête de transformation à travers ton écriture se forme de par ces pleurs de mémoires du passé tout en souriant à la vie dans ce même combat qui nous relie toutes les deux, je t'en laisse conséquemment le mot de la fin…
Comme toi chère Véronique, j’ai aimé enfant, les ouvrages de la Comtesse de Ségur. Après la pluie le beau temps fut ma première découverte de lectrice en herbe. Aujourd’hui ce titre me renvoie à notre propre condition. Je dirais que les nuages qui s’amoncellent parfois dans le ciel de notre vie doivent être impérativement chassés par les lueurs du soleil.
Les larmes de pluie font partie du process de la vie mais laissons place à la lumière pour grandir.
Profondes marques d’une entente qui j’espère se perpétuera à travers d'autres moments intenses d’un tel échange entre nous deux, que les Éditions du Panthéon ont favorisées avec l’intelligence du cœur et humanisme.
Notre relation, j’en suis profondément persuadée et touchée, est vouée à un avenir riche et fécond sous le regard bienveillant de notre maison éditoriale commune.
Véronique Klesse
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